« Une chose est certaine, on ne réussit pas impunément. Certes, il y a le facteur chance, mais rien n'est acquis. Il faut savoir se remettre en question ; c'est l'un de mes grands principes de vie ». jean-claude anaf
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Jean-Claude Anaf : un vrai tableau
Biographie
Jean-Claude-Anaf
Les ventes d’œuvres d’art constituent aux yeux du grand public la quintessence du métier de commissaire-priseur. Dès le début de sa carrière, Jean-Claude Anaf développe vite des dons de showman en ventes publiques artistiques.
De 1979 à 1988, dix ans de vacations de prestige à l’hôtel Sofitel lui assurent une solide réputation en la matière. En 1987, il franchit une étape importante en adjugeant une gouache de Marc Chagall, La Mariée en bleu, au-delà du million de francs (159 000 €). Du jamais vu à l’époque en Province ! Conscient que son outil de travail n’est pas à la hauteur de son désir de gloire pour Lyon, Jean-Claude Anaf acquiert l’ancienne gare désaffectée des Brotteaux, futur écrin de ses exploits. Après une période importante de travaux pour transformer ce lieu classé Monument Historique dans les règles d’une réhabilitation respectueuse du passé, le nouvel hôtel des ventes international des Brotteaux ouvre ses portes en 1989. À son inauguration, jean-Claude Anaf déclare :
« Avec cet Hôtel de Ventes, je suis heureux de permettre à Lyon de relever avec éclat les défis d’aujourd’hui et de demain sur le Marché de l’Art».
DES VENTES AUX ENCHÈRES ORGANISÉES COMME DES SHOWS EXTRAORDINAIRES
Aux Brotteaux, la salle de prestige modulable, se déployant sur une surface totale de 820 m2 d’exposition, sera le théâtre d’enchères remarquables dans toutes les disciplines artistiques, avec l’assistance des meilleurs experts en meubles anciens et objets d’art, tableaux et dessins anciens et modernes, arts décoratifs du XXème siècle, sculpture, joaillerie, bibliophilie, antiquités classiques, voitures de collection, vins et alcools... Les collectionneurs ne pouvaient rêver meilleur endroit pour y disperser leurs objets, sous la houlette d’un commissaire-priseur aussi talentueux. « Jean-Claude Anaf a été à mes yeux le plus exhibitionniste des « grands marteaux» que j’ai eu la chance d’approcher, témoigne l’expert parisien Félix Marcilhac. Il faut dire que ce métier s’y prête et que ses ventes aux enchères étaient organisées comme des shows extraordinaires, avec sono, projection, micro tonitruant et qu’à défaut de porter des enchères le public lyonnais y venait comme au spectacle, plus intéressé par les formidables résultats financiers qu’il obtenait que par les objets qu’il présentait ».
En 2008, Jean-Claude Anaf cède sa société Anaf Arts Auction et l’hôtel des ventes des Brotteaux à son confrère neuilléen Claude Aguttes. Il opte alors pour une stratégie de redéploiement sur l’activité judiciaire. Mais c’était mal connaître Jean-Claude Anaf que de penser qu’il allait rester longtemps loin de la scène artistique... La parenthèse n’aura duré que le temps d’honorer la clause de concurrence, d’une validité de cinq ans.
Jean-Claude Anaf est bel et bien de retour !
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« Il y a toujours chez Anaf cette volonté de s’imposer "
Un grand hommage vient d’être rendu au Palais des Congrès à Jean-Claude Anaf pour ses 25 ans de commissaire-priseur. Tout Lyon s’est précipité pour célébrer la réussite de cette figure lyonnaise qui est aujourd’hui à la tête de la cinquième étude française. Un millier de ventes aux enchères par an, 240 millions de chiffre d’affaires et surtout le temple des Brotteaux où il règne sans partage.
Une trajectoire de rêve pour ce petits-fils d’immigré turc qui est devenu une des stars lyonnaises, mais qui reste un personnage secret voir mystérieux. Son associé Me Jean Martinon, qui le connaît depuis plus de 20 ans, raconte. Sans langue de bois
Quelle est l’origine de Jean-Claude Anaf ?
Jean Martinon : Il est turque d’origine. Ses grands-parents qui habitent Istanbul vont fuir la Turquie après la première guerre mondiale pour échapper aux persécutions anti-juives. Et ils s'installeront dans la région. Son grand- père était fourreur, comme le sera son père et son oncle.
C’est une famille aisée ?
Plutôt. Une famille de commerçants qui a travaillé dur pour réussir. Son père ouvre après la seconde guerre mondiale un magasin de fourrures au centre de Grenoble qui acquiert rapidement une certaine renommée. Et c’est dans cette ville que Jean-Claude est né le 21 septembre 1947.
Il a des frères et sœurs ?
Non, il est fils unique et il sera en partie élevé par sa grand-mère. D’ailleurs, il a beaucoup d’admiration et de respect pour cette grand-mère qui est sa confidente et dont il sera toujours très proche.
Quelle éducation il reçoit ?
Son père lui inculque le goût du travail, de 1 ’effort, la volonté de réussir... Toutes les valeurs des peuples minoritaires qui essayent de prouver quelque chose, de montrer qu’ils sont dignes de réussir aussi bien que ceux qui les rejettent. Et même de faire mieux.
Quelles études il va suivre ?
Les études, ça ne l’intéressait pas vraiment. Il est passé par le célèbre lycée Champollion, mais aussi une boîte privée de Grenoble et il a terminé ses études au début des années 70, avec un Deug de droit en poche.
Pourquoi il a choisi de devenir commissaire-priseur ?
Un peu par hasard. Sa mère qui collectionnait l’Art nouveau et le mobilier Napoléon III, était une habituée des salles des ventes. Elle lui décrochera un stage chez le célèbre commissaire-priseur Grenoblois, Me Pierre Blache. C’est là qu’il apprend son métier pendant quatre ans. Une très bonne formation, même si ça a été difficile car Mc Blache était un homme très exigeant, parfois dur.
Son premier poste ?
En 74, il obtient son diplôme de commissaire-priseur. Un an après, il part travailler à Lyon où il s’associe avec Mc Françoise Herment-Mochon, une des grandes commissaires priseras de T époque, installée me Confort, où étaient réunies les six études lyonnaises
il s’impose rapidement ?
Là encore, il apprend énormément auprès de cette figure des salles des ventes. Mais à la fin des années 70, ils n’ont plus les mêmes idées sur le développement de l’étude. Jean-Claude Anaf a de grandes ambitions, alors que Me Herment-Mochon plus âgée, n’envisage pas l’avenir de la même façon. En 78, ils décident de se séparer. Jean- Claude Anaf rachète ses parts à Me Herment-Mochon qui, elle, entreprend une Carrière d'expert. Pour Jean-Claude Anaf, les débuts sont difficiles. Il se retrouve seul, sans argent... Il n’a même plus de secrétaire. C’est à cette époque que je le rencontre, il a alors 31 ans.
Vous avez tout de suite travaillé ensemble ?
Oui, j’étais alors prof d’histoire et d’économie chez les maristes et je l’aidais en dilettante. A force de travail, Jean-Claude Anaf réussit à s’imposer et en 1980, il s’installe quai Victor Augagneur, dans le 3e arrondissement.
Il commence à être reconnu ?
Dans les années 80, son chiffre d’affaires passe de 2 millions à plus de 100 millions de F. Il se fait notamment remarquer en organisant des ventes de prestige au Palais des congrès et au Sofitel. Mais c’est surtout au début des années 90 que sa carrière prend une véritable ampleur.
Quel est le déclic ?
La gare des Brotteaux. En 89, il s’installe sur près de 1 500 m2 dans ce bâtiment prestigieux. Un investissement important, environ 8 millions de F. Jean-Claude prend alors une autre dimension.
C’est à cette époque que vous vous associez ?
Non, mais à cette époque, je m’investis davantage, je deviens salarié de son étude et je prépare l’examen de commissaire-priseur que je passerai en 94. C’est là qu’on s’est associés. Mais Jean-Claude Anaf reste bien sûr le patron. D’ailleurs il détient la quasi-totalité des actions. La même année, il a créé la Lyonnaise des ventes publiques, un espace de 30 000 m2 à Saint-Priest spécialisé dans la vente aux enchères de véhicules.
Que pèse son étude aujourd’hui ? C’est la cinquième étude française Avec 240 millions de F de chiffre d’affaires en hausse de 9% l’année dernière.
Mais aujourd’hui, il vend surtout des voitures ?
Non, il réalise la moitié du chiffre d’affaires avec la vente de voitures, 40 % avec les ventes d’art et 10 % avec les ventes judiciaires. Mais c’est vrai que depuis quelques années, les ventes de voitures ça représente une part de plus en plus importante de son activité. Cette année, par exemple, on va vendre environ 8 000 voitures.
Sa principale qualité ?
C’est un vrai bosseur. Il travaille facilement plus de 12h par jour et souvent les week-ends.
Son principal défaut ?
Il s’occupe de tout. Tout doit passer entre ses mains, il a besoin de tout maîtriser. C’est même assez lourd comme système.
Pourquoi ?
Parce qu’il a vraiment du mal à faire confiance aux gens. Il veut tout contrôler. Rien ne doit lui échapper. Du coup, il a des journées bien remplies. Mais il s’en sort bien car il est très organisé, très carré, méticuleux même.
Et un peu coincé ?
C’est vrai que ce n’est pas quelqu’un de très relax ! On peut même dire qu’il est assez complexé. Il suit des schémas et il n’en démord pas. Moi souvent je le pousse à être plus imaginatif, mais il n y a rien à faire, il a sa méthode. D’ailleurs ça a bien marché !
Un paradoxe chez Anaf ?
Il est connu mais il n’est pas doué pour la communication. C’est un homme public qui reste très secret. Il n’aime pas prendre la parole en public. Il est même assez timide, réservé... Certains le trouvent même froid, dédaigneux. Mais c’est mal le connaître. Jean-Claude Anaf est quelqu’un de très sensible, de généreux, capable d’une grande délicatesse.
Comment si a réussi à faire parler de lui ?
Il a su se faire entourer d’un réseau qui s’est occupé de sa communication. Même si tout doit passer par lui. Aujourd’hui encore, c’est lui qui réalise ses dossiers de presse.
Il a un style particulier quand ii mène Ses enchères ?
Oui, il sait valoriser un objet, sentir une salle, tenir le rythme d’une vente... Il a aussi des expressions typiques comme : C’est vu, j’adjuge”. Ça fait 20 ans que j’entends ça ! Et puis il y a la force de son marteau. C’est violent. D’ailleurs il en casse souvent !
Un peu caractériel aussi ?
Caractériel, c’est un peu fort. Il a son caractère, il n’est pas très patient, plutôt colérique... Parfois même, il pique de sacrés coups de gueule...
De quoi faire trembler les murs ! Mais il sait aussi reconnaître ses erreurs.
Ses plus belles ventes ?
Je ne crois pas que les plus grands moments de sa carrière ça soit ses records. Bien sûr vendre “Homme de la liberté” de César ou le “Clown” de Bernard Buffet, ça compte. Mais sa vraie passion c’est de découvrir un objet rare, un tableau sublime, une collection unique...
Ses préférences ?
La peinture, les tableaux modernes, plutôt abstraits.
Son dernier achat ?
en ce moment, il se passionne pour les œuvres du peintre lyonnais Pierre Montheillet.
Un rêve ?
Acheter un Picasso ou un Fernand Leger. Un tableau exceptionnel, quelque chose d’inégalable.
A part travailler, qu'est-ce qu’il fait ?
Il voyage, de préférence au soleil. Il va assez souvent au Maroc où il a beaucoup d’amis. Il lit beaucoup la presse, notamment les magazines, le weekend. Il va souvent au cinéma, c’est plutôt le genre films à grand spectacle, productions américaines, il n’aime pas trop le cinéma français.
Ce qui le fait courir aujourd’hui ?
Aujourd’hui il court un peu moins. Il a réussi.
Mais ii a toujours envie de démontrer qu’il est le meilleur ?
Oui, c’est un battant. Il y a toujours chez lui cette volonté de s’imposer. Notamment vis-à-vis de la bourgeoisie lyonnaise, qui célèbre aujourd’hui sa réussite, mais avec qui les relations étaient assez difficiles au début.
Pourquoi ?
Parce qu’il n’est pas lyonnais, parce qu’il est juif, parce qu’il a réussi rapidement, qu’il est devenu célèbre…
Il est très riche aujourd’hui ?
Non, ce n’est pas vrai. Il vit bien, mais il y a des Lyonnais beaucoup plus riches que lui ! Et puis l’argent, au fond ce n’est pas ce qui le fait courir.
Quel style de vie il mène ?
Il ne dépense pas son argent en folies. Il habite un bel appartement dans le centre de Lyon mais il roule en 206... Là où il dépense le plus c’est en voyages.
Comment il envisage aujourd’hui l’avenir ?
Il n’a pas d’héritier, pas de successeur désigné... D’ailleurs, on n’a jamais de stagiaire à l’étude. Transmettre son savoir, ça ne l’intéresse pas.
Et vendre, ça peut l’intéresser ?
Oui, mais il ne confiera pas les dés des Brotteaux à n’importe qui !
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« Ses grands- parents qui habitent Istanbul vont fuir la Turquie après a première guerre mondiale pour échapper aux persécutions anti-juives. Et ils s’installeront dans la région. Son grand-père était fourreur, comme le sera son oncle et son père qui lui inculquera le goût du travail, de l’effort, la volonté de réussir... Toutes les valeurs des peuples minoritaires qui essayent de prouver quelque chose, de montrer qu’ils sont dignes de réussir aussi bien que ceux qui les rejettent. Et même de faire mieux. »
Il s’occupe de tout. Tout doit passer entre ses mains, il a besoin de tout maîtriser. C’est même assez lourd comme système. Il a vraiment du mal à faire confiance aux gens. Il veut tout contrôler. Rien ne doit lui échapper. Du coup, il a des journées bien remplies. Mais il s’en sort bien car il est très organisé, très carré, méticuleux même ««
« Il y a toujours chez lui cette volonté de s’imposer. Notamment vis-à-vis de la bourgeoisie lyonnaise, qui célèbre aujourd’hui sa réussite, mais avec qui les relations étaient assez difficiles au début »